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Homme à barbe


“Bonjour petit singe ! Comment ça va ? Bonjour Barbara ! Quoi de neuf ? s’exclama Bam.

– Salut ! Bien, bien et toi ? singea Barbara.

– Salut… Petit singe… Bam n’entendit pas de réponse. BonjouOuOuR !

– Dis bonjour, Imberly, insista Barbara.

– Salut ! réplica Imberly si vite qu’on pouvait à peine comprendre ce qu’il avait dit.

– Comment ça va ? Oh ! Mais, tu as l’air très stylé ! Quelle coupe de cheveux ! Tu ressembles à un footballeur !” bavassa Bam.

Le petit singe rigola : “Ahh! Ahh !,.

– Ah ! Tu sais bien, toujours en train de frapper la balle ! commenta Barbara.

– Alors, tu as besoin d’une barbe pour aller avec cette coupe de cheveux !” s’exclama Bam.

Imberly sourit et regarda sa maman. Il savait que Bam plaisantait, elle était toujours en train de faire des blagues. C’est pourquoi sa maman aimait sa compagnie.

“Oh oui ! Une petite barbe pour notre petit singe !”, plaisanta Barbara.

Cette fois, tout le monde rit.

“Qu’y a-t-il mon poussin ? demande Bam.

– Je ne peux pas rentrer à la maison parce que j’ai oublié mes lunettes sur mon bureau, déclara le petit Harry.

– Retourne dans ta classe. Je t’attends mon poussin.”

Une fois que le garçon était parti, elle continua à papoter.

“Je pense qu’il devrait se faire pousser une barbe lui aussi …

– Qu’est-ce que tu dis ! Nous sommes trop jeunes ! se récria Imberly.

– D’accord. Et puis, Barbara, comme nous sommes les plus âgées, que dirais-tu de te faire pousser une barbe et de jouer au football avec Imberly. Nous aurions l’air très chic !”

Imberly, à moitié riant, leva les yeux pour mieux admirer le sourire de Barbara.

“Tu sais… Cette nouvelle mode de la barbe. C’est trop drôle. Beaucoup d’hommes la suivent… Oh ! Regardez ! J’ai une barbe qui pousse sur le menton ! plaisanta Bam, rejoignant ses longs cheveux sous son menton. C’est une malédiction ! Regardez, elle pousse trop vite !

– Tu n’es pas drôle Maman, tout le monde sait que c’est tes cheveux, Harry de retour avec ses lunettes sur le nez.

– D’accord… Tout le monde est prêt maintenant ? Rentrons chez nous … déclara Bam. Oh non ! Harry, où est ton cartable ?

– Oh non ! Je l’ai laissé sur le banc pendant que je prenais mes lunettes.” Il commença
à pleurer.

“Ne t’en fais pas mon poussin. Les portes de l’école sont toujours ouvertes. Dépêche-toi
Harry et récupère-le”, conseilla Bam.

Harry se précipita vers les portes. Alors … ils eurent encore le temps pour un petit bavardage.

“Mon mari a déjà été barbu. Cela lui allait très bien et je lui avais même offert une bonne tondeuse pour Noël et c’était top !

– Oh vraiment ! Je ne l’imagine pas du tout poilu. Intéressant, marmonna Barbara dans sa barbe.

– Oui. Et, oh, tu sais …

– Maman, quand est-ce qu’on rentre à la maison ?” Imberly tournait autour d’elle avec
impatience.

“Bon, Harry n’est pas encore de retour. Il est pas rapide.

– Est-ce que je peux aller jouer au foot en attendant ?

– Oui…” Imberly se précipita sans même écouter la fin de la série de conseils de sa mère.

“Donc, nous ne sommes que des adultes. Car, voyons, la barbe est un sujet d’adulte… Tu
disais ?

– C’est clair que c’est un sujet d’adulte… Donc, c’était au milieu de l’été. Mon mari et moi étions sans emploi et comme tu le sais, l’été n’est pas le meilleur moment pour trouver un job. Donc, nous cherchions le matin, et l’après-midi, nous allions à la plage. Tu connais la plage d’Erdeven?

– Non, regretta Barbara imaginant une plage à couper le souffle et souhaitant y passer ses ses prochaines vacances.

– C’est beau la Bretagne. Nos photos de mariage ont été prises là-bas. À la fin du mois de juillet, on y allait avec ma belle-mère et mon mari a annoncé qu’il avait un nouveau travail sur l’île de Wight et que donc, il devait partir tôt pour pouvoir renouveler son passeport …, poursuivit Bam.

– Oh ! Il faut absolument que je te raconte ça … Ma belle-mère, au début des années 2000, n’arrivait pas à utiliser son ordinateur car il lui demandait de changer son « password », raconta Barbara. Elle ne parle pas tellement bien l’anglais et elle a compris qu’elle devait changer son passeport. Après avoir fouillé toute la maison, elle a fini par le retrouver et en effet, il était périmé. Elle s’est alors demandé comment son employeur pouvait savoir ça et en a conclu que l’informatique c’était vraiment super sophistiqué. Elle répétait en boucle : «Comment savent-ils que je dois renouveler mon passeport ?»

Alors elle est allée à la mairie et a demandé un nouveau passeport. Il leur a fallu trois semaines pour faire les papiers et elle avait expliqué à son patron qu’elle ne pouvait pas travailler sans. Après trois semaines, elle a finalement eu son nouveau passeport et était prête à travailler … Mais les voies de l’informatique sont impénétrables … Le numéro du passeport ne permettait pas de faire démordre l’ordinateur qu’elle devait changer son « password » ! Finalement, sa fille est venue la sauver en lui expliquant ce qu’est un mot de passe ! Ce n’était pas il y a si longtemps… On oublie à quelle vitesse on s’est habitué aux ordinateurs… Et aux mots de passe !

– Trop drôle ! Je ne peux pas croire que cette histoire soit vraie ! Moi, j’ai trop de mots de passe à retenir, je pourrais aussi bien utiliser mon numéro de passeport comme moyen mnémotechnique … suggéra Bam.

– On en rigole toujours autant, ça ne passe pas ! Donc, tu disais …

– Oui, c’était au début des années 2000. Tu te souviens de l’été de la canicule ? C’était en 2002, non ?

– Non, je pense que c’était en 2003.

– Oh ! Oui ! Tu as raison. C’était en 2003, et j’avais rendu visite à des amis à Rome, continua Bam. On devait porter des manches longues avec un pantalon long pour pouvoir visiter les églises et quelques policiers sifflaient dès que quelqu’un mettait un
orteil dans la fontaine de Trevi. Dieu merci, on avait le droit de manger des glaces … Il faisait si chaud qu’il n’y avait plus assez d’eau pour se laver. Mon amie m’avait emmené sur une plage de sable noir près de Rome. Elle m’avait demandé de rester allongée 15 minutes pour être bien bronzée à mon retour… J’ai bien peur que je ressemblais plus à une bouteille de tabasco qu’à une bouteille de monoï.

Quoi qu’il en soit, pendant ce temps, mon mari allait toujours sur les plages de Bretagne, sans craindre le soleil car il n’avait jamais bronzé auparavant sur ces plages-là. Mais il finit par être brun foncé parce que cet été était très inhabituel. Il s’est alors rendu compte que s’il rasait sa barbe, son visage serait bicolore. Il a préféré attendre que cette vague de chaleur passe, que sa peau soit à nouveau claire et de se raser à ce moment-là. Tu te souviens, à l’époque, ce n’était pas à la mode. Avoir une barbe signifiait être un soviet ou un terroriste. Je te laisse décider de ce qui fait le plus peur… Comme il ne connaissait pas son nouvel environnement professionnel, il pensait qu’il était plus sûr de rester neutre.

Au cours de l’été, sa peau était de plus en plus sombre et sa barbe de plus en plus touffue, même s’il la laissait courte, pour ne pas ressembler à un imbécile multicolore. Et c’est à ce moment qu’il a dû prendre sa photo de passeport. Je lui ai dit qu’il faisait peur mais il m’a dit, à juste titre, que c’était juste une photo d’identité; c’était juste pour savoir si c’était bien lui le mec sur le passeport.

Un mois plus tard, il était employé par l’équipe d’Offshore Challenges, travaillant pour la Transat anglaise d’Ellen Mac Arthur. Du coup, il travaillait le dimanche. Son ferry est arrivé à Cowes et il cherchait l’endroit où il allait travailler, sur le quai. Il a vu un panneau «Neighborhood Watching» et a pensé, «super, on est en sécurité ici». Quelques instants plus tard, il a compris que ce n’était pas un panneau porte-bonheur. Plutôt le contraire. Deux policiers, qui semblaient être venus spécialement pour lui car, comme tu peux l’imaginer, l’endroit était désert, un dimanche matin à 5 heures du matin. Ils lui ont demandé ses papiers. Il n’y avait pas de mot de passe d’espion à prononcer pour régler le problème alors il a donné son passeport. Les policiers ont cru qu’il était un terroriste et l’ont amené au poste de police. Et le premier contact qu’il a eu avec son nouvel employeur ça a été :

«Bonjour, je suis au poste de police. Ils pensent que je suis un terroriste. Pourriez-vous venir expliquer qui je suis s’il vous plaît ?»

– Donc, je suis heureuse que la mode ait changé et … oui, maintenant que l’on porte fièrement des barbes, il est plus difficile pour les terroristes de se reconnaître ; et surtout ça oblige la police à retenir la leçon qu’on ne juge pas quelqu’un à sa barbe, conclut Barbara. Après tout, qui sait ce qui est caché dans la barbe de quelqu’un ?”

Elle lut ensuite ceci sur son telephone: “Many feel that Mr Paddock’s advanced age, white race and non-Muslim religious background make it less likely to be tagged a terrorist, whatever may emerge about his politics” (NYTimes)

Il est évident qu’avoir moins de préjugés est une question de sécurité collective. Les terroristes nous apprendront-ils cela ou vont-ils obtenir ce qu’ils veulent en répandant la terreur parmi nous et en nous divisant ?

Aurianne Or


A Most Wanted Man: https://aurianneor.tumblr.com/post/165372927275/a-most-wanted-man-a-novel-and-a

Philips Norelco OneBlade Review:  https://youtu.be/24Tvcmyf02w

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Monotype

Entendu cette semaine, alors que je faisais renouveler le passeport de mon fils au Consulat de France:

“Monsieur, si vous gardez la barbe sur votre photo, vous risquez d’être fiché parmi les potentiels terroristes… Il vaut mieux la raser, ça va repousser.. C’est comme vous préférez, Monsieur. On peut aussi faire le passeport tout de suite avec cette photo.”

Aurianne Or by Aurianne Or is licensed under CC BY-NC 4.0