La décivilisation, c’est le nouveau mot à la mode. Emmanuel Macron n’a plus que ce mot à la bouche pour désigner des travailleurs qui vont dans la rue, les jeunes des banlieues ou des militants écologistes dans les zones à défendre. Toutes les droites d’Europe utilisent le même mot pour dire que l’Europe perd sa civilisation et se fait remplacer par des migrants barbares. “En utilisant le terme de “décivilisation” pour qualifier la multiplication des violences en France ces derniers mois, Emmanuel Macron fait appel à des notions controversées et contradictoires pour désigner ce qu’il considère être aujourd’hui une réalité politique”.
Ce mot de décivilisation est un concept inventé par un sociologue allemand, Norbert Elias, en 1939 qui expliquait comment les fascistes remettaient en cause la science, l’intelligence et la civilisation pour appeler uniquement aux émotions des gens et détruire la démocratie. Les fascistes brûlent les livres et persécutent les intellectuels avec un argument pseudo-darwiniste qu’il faut favoriser les forts et arrêter de protéger les faibles car c’est contre-nature.
En France, il y a eu un effort volontaire de décivilisation depuis les années 1990. Jacques Chirac en 1991 justifie la violence contre les immigrés à cause du bruit et de l’odeur. (https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/s1152333_001/le-bruit-et-l-odeur-de-jacques-chirac). Pour la première fois, un leader politique justifie de se comporter comme une brute au lieu d’utiliser les règles de la société et il a été élu en 1995. En 2005, Nicolas Sarkozy et le kärcher (https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/nicolas-sarkozy-en-2005-le-terme-nettoyer-au-karcher-est-un-terme-qui-s-impose) réduit les habitants des banlieues à de la saleté. C’est déshumaniser une partie de la population. En 2018, le président de la République, Emmanuel Macron affirme qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail (https://www.rtbf.be/article/je-traverse-la-rue-et-je-vous-trouve-du-travail-jonathan-chomeur-a-mal-digere-les-conseils-de-macron-10022373). Quand ce sont des leaders qui parlent en ces termes, ce sont eux les acteurs de la décivilisation. Quand ils mettent en place des autorités illégitimes où le peuple n’a aucun moyen de s’exprimer, tout ce qui reste est l’écoterrorisme ou la violence de la rue. Le débat n’est plus possible.
Il n’y a jamais eu autant de sanctions disciplinaires à l’Assemblée Nationale que sous le mandat d’Emmanuel Macron. Au lieu d’avoir de la tenue et de la dignité, les élus, de la France Insoumise entre autres, se comportent comme des sauvages. Les barbares sont ceux qui crient à la décivilisation. (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/07/21/a-l-assemblee-nationale-un-nombre-record-de-sanctions-depuis-la-reelection-d-emmanuel-macron_6182897_4355770.html). Les premiers à favoriser le processus de décivilisation viennent de ceux qui sont censés montrer l’exemple et mettre en oeuvre des moyens d’organiser des débats pour régler les différents de façon non violente. La même chose se passe dans toutes les démocraties occidentales. Les élus rivalisent d’outrances et l’extrême droite applaudit et gagne les élections. Quand on montre l’exemple de la brutalité, on restaure la peur chez les gens qui cherchent alors un protecteur. Giorgia Meloni prétend protéger le peuple comme une mère protège ses enfants (Comment les femmes transforment-elles l’extrême-droite moderne ? | ARTE Kreatur: https://youtu.be/Z4OUjrHDlQI). En Suède, les autorités ont accepté une manifestation de personnes brûlant un Coran (https://www.tdg.ch/la-police-autorise-un-rassemblement-qui-prevoit-de-bruler-le-coran-434500290221). Dans les parlements, les parlementaires en viennent aux poings, font du bruit pour empêcher tel ou tel de s’exprimer, etc.
S’il n’y a pas de justice et de police pour le défendre, le citoyen doit chercher un protecteur qui utilise la force. Les personnalités politiques ont mis le feu à la société en validant la violence. Les premiers incendiaires sont ceux qui sont en responsabilité. Il faut des règles pour protéger les citoyens et ne pas laisser les brutes décider et y mettre les moyens pour y parvenir. C’est l’absence de civilisation qui nous met en danger. Il faut garder les barrières qui empêchent les gens de se comporter comme des brutes.
“C’est notre société, dans son rapport toxique à la nature et à l’Autre, qui est profondément violente. On dépense des sommes gigantesques pour tuer les sols, empoisonner les gens, appauvrir les pays du Sud, abattre des milliards d’animaux ou repousser des migrants à la mer. L’historien camerounais Achille Mbembe parle de « nécropolitique » pour évoquer cette civilisation moderne jonchée de cadavres où « l’administration méthodique de la mort » mobilise la science, l’armée, l’industrie et la technique.” (https://reporterre.net/La-decivilisation-est-une-chance).
Décivilisation” : histoire de la violence (et de sa récupération politique): https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/decivilisation-histoire-de-la-violence-et-de-sa-recuperation-politique-8351283
Décivilisation” : où sont les barbares ?: https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-billet-politique/le-billet-politique-du-mardi-30-mai-2023-4923294
