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Représentants tirés au sort

Représentants tirés au sort

Dans les démocraties modernes, le président est le chef de l’exécutif. Il ou elle doit appliquer les lois. Il ne doit pas décider. Il doit être un technicien qui applique les lois votées par le parlement. Cela devrait être un fonctionnaire. Le fait qu’il soit élu lui donne un semblant de légitimité pour contester le travail législatif, pour contester les lois votées par les représentants du peuple. Il a le pouvoir de signer ou non les lois. Par exemple, en France, Jacques Chirac avait décidé de ne pas signer la loi qui reconnaissait l’ostéopathie comme pratique médicale. En l’état actuel, le président a un rôle similaire à celui d’un roi. Cela ne correspond pas aux valeurs d’une démocratie qui donne le pouvoir au peuple.

En France, l’assemblée nationale est composée de 577 députés élus qui représentent le territoire, circonscription par circonscription. Il en va de même dans les autres démocraties avec un nombre de députés différents. Ils sont censés représenter le peuple.

Mais le sénat, qui n’est pas élu par le peuple a le pouvoir d’annuler les lois votées par le parlement. Les sénateurs sont élus par les maires des villes sauf aux Etats-Unis où ils sont élus par états. Le principe d’une personne une voix est de fait bafoué.

L’élection des représentants (président, députés, maires, etc.) pose plusieurs problèmes. Les candidats aux élections recherchent le pouvoir personnel. Ce sont surtout des personnes qui ont l’envie et les moyens d’être élus. Ils ne représentent pas la population, ils représentent les personnes qui ont ce profil. Ce ne sont pas des experts. Ils ne sont pas plus compétents que les autres citoyens pour prendre des décisions. Il y en a de plus ou moins intelligents et, selon les sujets, ils sont plus ou moins compétents. Ils font campagne sur un nombre limité de thèmes ce qui ne donne pas une vue d’ensemble de leurs futures actions. De plus, ils ne sont pas obligés de tenir leurs promesses. Une fois au pouvoir, il est possible de monnayer leurs voix, ils sont souvent sensibles à la corruption. Ils sont également sensibles aux sondages car ils pensent à leur ré-élection. Les politiciens professionnels vont souvent décider en vue de leur réélection ou des bénéfices de leur entourage au lieu de l’intérêt général; même si certains veulent tordre l’idée que l’intérêt particulier d’une multinationale va ruisseler vers le peuple et le rendre heureux au final. Comme ils sont élus à la majorité, les minorités ne sont jamais représentées. Les élus sont issus d’un parti. Quand ils votent à l’assemblée nationale, ils suivent les consignes de leur parti. Ils ne votent pas en fonctions de leurs électeurs mais en fonction des directives de leurs partis et excluent les suggestions des autres partis; ils fonctionnent comme des clans. Dans les faits, ceux qui gouvernent le pays, ce sont les partis politiques.

Il faut enlever le pouvoir des partis politiques.

Le référendum permet à la démocratie d’être plus directe. Cela pourrait permettre au peuple de décider réellement de son sort. L’élection ne permet pas de savoir ce que pensent les citoyens (vote tactique, vote sur des promesses, vote pour le moins pire, etc). Le vote dans le cadre d’un référendum permet de connaître exactement leurs idées. Le vote par référendum permet au peuple de mettre de nombreuses limites à leurs représentants.

Il y a des mesures qui ne peuvent être prises qu’en conjonction avec d’autres sans quoi les citoyens n’obtiennent pas ce qu’ils veulent. Le référendum devrait pouvoir permettre de voter pour des groupes de mesures. Par exemple, si les citoyens votent pour plus de bien-être animal dans les élevages, il faut aussi voter pour contrôler les prix ou voire même interdire des importations de viande qui ne respecterait pas ces critères de bien-être animal sans quoi il y aurait une concurrence déloyale. Si le vote ne porte que sur le bien-être animal sans contrôle des prix, les citoyens risquent de voter contre pour éviter que les éleveurs ne plient boutique alors qu’ils sont favorables aux mesures de bien-être animal.

Mais le référendum ne permet pas d’agir sur tous les sujets. Il ne pose qu’une seule question, à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non. Il ne permet pas d’agir rapidement et il est difficile de gérer les situations subtiles. En Suisse où il est largement utilisé, grâce au référendum d’initiative populaire, la population peut souvent recadrer ses élus. Par exemple, en refusant l’achat d’avions de chasse. Mais cela n’empêche pas la corruption. Par exemple, il y a des travaux de voiries et sur les trains qui ne sont pas nécessaires (ce qui est une notion subtile) et qui sont financés par la population.

Si les représentants sont tirés au sort, les représentants n’ont pas de perspectives d’être ré-élus et ne peuvent pas transmettre le pouvoir à leurs enfants. Ils n’ont pas non plus d’intérêts à suivre un parti politique. Les partis peuvent faire la promotion de leurs idées, mais c’est tout. Si les représentants sont corrompus, la justice peut intervenir car ils ne sont pas soutenus par un ministre de leur parti qui déclarerait un non-lieu.

Ils est possible de leur donner le pouvoir sur un temps court, par exemple un an.

Il faudrait sélectionner entre 400 et 500 personnes.

L’expérience menée par Cyril Dion de 150 personnes tirées au sort qui reçoivent les experts pour décider de ce qu’il faut faire pour l’environnement, montre que tous les citoyens sont capables de comprendre les enjeux si on leur en donne les moyens. Ces 150 personnes ont même fait du meilleur travail que les élus professionnels, sortis des grandes écoles et aux bottes des ultra-riches. Ces mêmes élus professionnels se sont empressés de mettre au placard la plupart des mesures proposées par les 150.

Les 150 – des citoyens s’engagent après la convention citoyenne pour le climat | Documentaire LCP : https://youtu.be/qkIVH2Lr-sE?si=R5HuejIfNMaBjn3r

A Athènes, l’assemblée de 500 représentants, nommée la magistrature, était tirée au sort parmi l’ensemble des citoyens.

Petite histoire du tirage au sort en politique
D’Athènes à la Révolution française
– Collège de France – La vie des idées: https://laviedesidees.fr/Petite-histoire-du-tirage-au-sort

“Le tirage au sort assure une représentativité plus importante que le vote” – Sciences Po: https://www.sciencespo.fr/fr/actualites/le-tirage-au-sort-assure-une-representativite-plus-importante-que-le-vote/

Judith Bernard : « Le tirage au sort rappelle à chacun qu’il est citoyen » – Revue Ballast: https://www.revue-ballast.fr/judith-bernard-tirage-sort-rappelle-a-chacun-quil-citoyen/

« Le tirage au sort était le remède à un mal à la fois bien plus grave et bien plus probable que le gouvernement des incompétents : le gouvernement d’une certaine compétence, celle des hommes habiles à prendre le pouvoir par la brigue. Le tirage au sort a fait depuis lors l’objet d’un formidable travail d’oubli »

Le tirage au sort au XXIe siècle. Actualité de l’expérimentation démocratique – Cairn Info: https://shs.cairn.info/revue-participations-2019-1-page-5?lang=fr

1789 : les révolutionnaires défendaient-ils vraiment la démocratie ? – France Culture: https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-l-idee/1789-les-revolutionnaires-defendaient-ils-vraiment-la-democratie-1425270

Renaud – Le tango des élus (Audio officiel): https://youtu.be/q5bLdVJ86TE?si=F2QP_WjfGJUUUkzn

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