Le nombre de pathologies concernant les enfants est passée de 50 à 500.
Il y a de plus en plus d’enfants par classe, de moins en moins de surveillants, de moins en moins d’infirmiers scolaires, de psychologues scolaires et d’assistantes sociales.
Les études épidémiologiques montrent que les enfants n’ont pas les même diagnostics en fonction de leurs milieux sociaux.
File dans ta chambre – Caroline Goldman

Dans les familles à faible revenu, les enfants vont être catégorisés dans des types de personnalités neurotiques: type A personne avec une vie bien rangée, B personne qui ne range pas un peu rêveur ou C, etc. Cela ne repose sur aucune base scientifique. Les familles modestes ne vont pas voir les spécialistes et se rabattent sur des tests de personnalités sans aucune valeur sur les réseaux sociaux, dans les magazines ou les maisons de quartier. Ces test ont été inventés dans les années 70 pour faire des tests de recrutement et la mode est restée.
Laid back, unreliable, free-spirited: the ‘type B’ personality is having a moment – The Guardian: https://www.theguardian.com/wellness/2025/aug/15/type-b-personality-trend-tiktok
Dans les familles de classe moyenne, les enfants vont être catégorisés dans des pathologies: Asperger légers, pré-dépression, burn-out de l’étudiant, etc. Ces familles ont accès au médecins conventionnés ou non. Ils mettent la priorité sur des professionnels remboursés. Ces professionnels prescrivent généralement des médicaments de classe SSRI (antidépresseurs) et le diagnostic est autour du trouble anxieux.
Dans les familles à gros revenus, on trouve des troubles du comportement associés ou non à des haut potentiels intellectuels: troubles de l’attention et de l’hyperactivité (TDH / ADHD). Ils ont accès aux professionnels non remboursés de type psychologues.
Ces différences de diagnostic ont donné lieu à des analyses farfelues de déterminisme social: les enfants de milieux aisés seraient plus intelligents et les enfants de milieux défavorisés auraient des personnalités de type pervers, enfant-tyran ou neurotiques.
Il y a même des différences selon l’âge des enfants. On demande aux parents de consulter seulement parce que l’enfant est plus jeune et que donc il se comporte ou réussit moins bien que ses camarades de classe!
Effet de l’âge relatif sur l’initiation d’un traitement par méthylphénidate et sur le recours à l’orthophonie – Epi-phare: https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/age-relatif-methylphenidate-orthophonie/
Est-ce que ces enfants souffrent? La plupart du temps, ils ne souffrent pas. Par contre, les adultes se plaignent de leurs mauvaises notes à l’école et de leur non-conformité.
Le fait que les enfants n’arrivent plus à faire comme tout le monde est lié à d’autres causes: les enfants habitent de plus en plus loin de leur école (le trajet moyen pour se rendre à l’école est passé de 12 à 25 km entre 2000 et 2020), il y a moins d’adultes pour s’occuper d’eux dans les établissements scolaires, dans les garderies et à la maison, certains sont nourris au sucre et aux aliments ultra-transformés, les enfants entendent leurs parents stressés par la paupérisation et par le fait que malgré leurs études, ils n’arrivent pas à sécuriser leurs carrières.
C’est l’environnement qui a changé.
C’est devenu tellement dur d’accéder à un médecin conventionné et disponible que ce sont développés les tests de personnalités, les coachs, les écoles spécialisées et les psychologues avec des résultats plus ou moins probants mais qui enrichissent ces vendeurs-là.
Les enfants ont simplement des différences individuelles. Certains sont plus sportifs, d’autres sont plus rêveurs. Ils ont des envies différentes et font des choses différentes.
Individual Differences – Robert Sapolsky- Stanford University: https://youtu.be/-PpDq1WUtAw?si=5Z2rMFs8ZzlV5Dac
La société transforme l’éducation en technique: créer une classe de travailleurs avec le moins d’efforts possibles. La technocratie de l’éducation tue l’éducation.
Épisode 2/5 : “Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique” – Radio France: https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avoir-raison-avec/un-penseur-critique-ce-n-est-pas-la-technique-qui-nous-asservit-mais-le-sacre-transfere-a-la-technique-2215385
Quand il consulte, l’enfant va mieux réussir son éducation parce qu’au final, il voit un adulte qui s’occupe de lui (coach, médecin, art thérapie, équitation, etc.). Mais ce n’est plus à la charge de la société. Il faut arrêter de balader les parents de pseudo-spécialistes en pseudo-spécialistes. En tous cas, écouter l’enfant et le faire dessiner, c’est insuffisant. En définitive, cela coûte plus cher par enfant mais ce n’est pas la société qui paie. L’Etat ne remplit pas son rôle de donner l’égalité des chances ni d’éduquer sa population. Il faut arrêter avec les statistiques et les chiffres.
Qu’est-ce qu’on attend de l’Etat pour ses citoyens? Ce ne sont plus des résultats au bac, ce ne sont pas des bons chrétiens comme dans le passé, ce ne sont plus des bons soldats comme à la sortie des grandes guerres, etc. Depuis les années 70, l’école n’a plus de but. Du coup, l’école sera toujours trop chère car elle n’a plus son rôle dans la société. Elle apprend à lire, à compter, de la culture générale et donne des bases de comportements aux enfants, mais c’est tout. Elle sert de garderie thématisée par matières. Le fait que ça coûte de moins en moins cher n’est pas un objectif. On n’est pas capable aujourd’hui de mesurer la performance de l’école, de savoir si elle réussit ou non car on ne sait pas quel est son objectif.
Qu’est-ce qu’on veut faire de nos enfants? Comment gérer leurs différences? A quoi doit servir l’école. Un débat public est nécessaire.
Il faut arrêter le système de carotte et de baton, de récompense et de punition qui a pour objectif de conformer les enfants à un idéal. Il faut arrêter de rejeter les carottes tordues. Les enfants font du bruit, courent et sautent partout, n’arrivent pas à gérer leurs émotions et tapent. Ils ne sont pas faits pour rester assis sans faire de bruit toute la journée. Il faut leur apprendre à se comporter en société, pas les condamner parce qu’ils n’y arrivent pas déjà. Les gens qui ne supportent pas les enfants ou qui s’excusent que leurs enfants se comportent comme des enfants devraient être montrés du doigt. Il faut apprendre aux enfants. Certains adolescents font des crises de l’adolescence. Mais souvent, ils se rebellent pour des raisons tout à fait valables: ils ne sont pas écoutés, ne prennent aucune décision sur leur vie, sont forcés de faire des choses qu’ils ne veulent pas, ne peuvent pas discuter avec leurs copains pour apprendre à socialiser comme le veut leur âge, ne peuvent pas bouger et faire du bruit. Certains se font racketter, taper, humilier sur internet, ou encore on leur met du chewing gum dans les cheveux. Ils sont enfermés dans une école qui n’accepte qu’une manière d’être. Pour éviter que la hausse des prises de risques, normales à l’adolescence ne les mette en danger, eux-mêmes ou autrui, pour réduire la criminalité, ils ne peuvent pas évoluer dans la nature.
Il y a effectivement des vraies pathologies qui se soignent avec des médicaments et des thérapies chez des psychiatres spécialisés. Il y a alors besoin de tests et des thérapies validés scientifiquement. Mais il y a pas autant d’enfants malades. C’est comme les allergies et les intolérants au gluten. Il faut arrêter avec les tests de personnalités et les troubles du comportement. Il faut aider les enfants qui souffrent.
Un enfant qui souffre parce qu’on accepte pas sa différence n’a pas de pathologie. Il a juste besoin qu’on lui explique, qu’on passe du temps avec lui, qu’on prenne le temps de discuter sur ce qui l’aide à mieux se comporter et à vivre avec les autres ou à réussir des exercices, qu’on le prévienne de ce qui va lui arriver, qu’il puisse choisir ses activités, qu’il puisse dire ce dont il a besoin et qu’on le lui donne (par exemple manger, dormir, bouger, etc), s’assurer qu’il est d’accord de faire ce qu’on lui demande en lui expliquant à quoi sert ce qui lui est enseigné ou demandé, ne pas exiger des résultats comme on le ferait pour un monstre de foire, lui laisser le temps de montrer ses progrès quand il le souhaite. La question doit être: Qu’est-ce que nous pouvons-faire pour t’aider à faire ceci ou cela? Il faut essayer différentes réactions, méthodes, pédagogies et demander à l’enfant, après coup ce qu’il préfère. Par exemple, quand il est en colère, essayer de le calmer avec un calin, le laisser seul dans un coin, lui donner un Doudou, etc et lui demander, une fois calmé, ce qui marche. La fermeté pour mettre des limites doit être bienveillante et les limites doivent être expliquées. L’enfant doit être encouragé, félicité quand il réussit, il faut lui donner confiance en lui sur ses capacités et qu’il soit conscient de ses faiblesses sans que ce soit la catastrophe. L’enfant fait de son mieux, les punitions ne doivent pas être la norme mais l’exception. Il faut apprendre aux enfants à communiquer leur ressentis pour mieux vivre ensemble. Par exemple, ils peuvent avoir des cartons pour s’exprimer: vert signifie je suis calme, orange signifie je suis en difficulté mais je me gère, rouge signifie je ne me maîtrise plus. Il faut que les adultes restent calmes, attentifs et à l’écoute, respectueux des différences de compétences de chaque enfant. Il faut les prendre au sérieux et ne pas les forcer. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, ils ne peuvent pas. Il faut patiemment répéter les mêmes choses encore et toujours. Il faut d’avantage d’adultes par enfants. Ça finit par porter ses fruits. Ça demande du temps, des efforts et ne pas chercher à optimiser.
L’environnement est de moins en moins tolérant pour les enfants mais c’est également vrai pour les adultes. Il y a des adultes qui sont en difficultés professionnelles et à qui on dit que le problème vient d’eux. On lui conseille de consulter, de suivre les conseils d’un coach ou d’un audit, de se former. Il y a des diagnostics tardifs. Le problème est juste que l’on n’a plus besoin de cette personne: il peut avoir un “bull-shit job”, il a pu être remplacé par une machine, son emploi a pu être délocalisé, etc. Le discours ambiant est de remettre en cause l’individu alors que c’est la société qui change: on a moins besoin de travailler. Le discours est tout aussi toxique pour l’adulte. Ce n’est pas sa faute!
Avec l’approche technicienne, le test de type de personnalité est automatisé: c’est l’IA qui fait passer le test!
AI Snake Oil: What Artificial Intelligence Can Do, What It Can’t, and How to Tell the Difference – MIT Stone Center on Inequality & Shaping Work: https://youtu.be/C3TqcUEFR58?si=CngpppHMLDVj-sbH












