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Le parapluie à cachetons


La recherche sur les médicaments est passée du secteur public au secteur privé juste avant la Seconde Guerre mondiale, avec l’idée qu’une impulsion économique permettrait la découverte de plus de médicaments. Les consommateurs ont naturellement supposé que les grands groupes pharmaceutiques garderaient à l’esprit l’objectif d’une santé meilleure et pour tous, en supposant qu’ils avaient des valeurs humanitaires… 

Ce n’est pas ce qui est arrivé.

Les grandes sociétés pharmaceutiques sont motivées par le profit. La recherche et le développement (R&D) pourraient générer des bénéfices mais seulement sur le long terme (plus ou moins 10 ans). L’industrie a fait du lobbying auprès des politiciens pour qu’ils imposent des essais cliniques, mais ce n’était qu’un moyen pour les grandes sociétés pharmaceutiques de protéger leur marché pour plusieurs raisons. 

D’abord, ils sont indéniablement très coûteux à réaliser ce qui exclut de fait les petites structures qui ne peuvent pas se les payer. 

D’autre part, ces tests sont menés dans des pays où l’application de la loi est médiocre et où la corruption élevée a des effets désastreux sur la santé de la population: en gros, les médicaments sont testés sur des êtres humains sans que les principes de dignité humaine soient respectés.

Enfin, la financiarisation de l’industrie pharmaceutique, dans les années 1980, a conduit les sociétés pharmaceutiques à se concentrer sur les profits à court terme. Ils ont atteint cet objectif en réduisant la recherche et le développement (R&D),  en augmentant les prix  et en se concentrant sur les profits des actionnaires (plutôt que sur l’éthique et les stratégies à long terme). Des intérêts à court terme en faveur des actionnaires ont prévalu. Cela a même été jusqu’à  nuire aux intérêts économiques des laboratoires médicaux à long terme. La R&D est essentielle pour guérir les maladies existantes mais aussi pour traiter les infections que nous pensions disparues, comme la petite vérole ou la grippe porcine. Les maladies existantes sont revenues sous forme de bactéries résistantes en raison d’une utilisation répandue des antibiotiques.

En 1918, la grippe porcine (H1N1) a tué plus d’êtres humains que toute la première guerre mondiale. Si elle réapparaissait du fait d’une résistance aux antibiotiques, les pertes pourraient être comptées par milliards, compte tenu des moyens actuels de transport.

Les êtres humains sont nourris sans le savoir aux antibiotiques. En effet, depuis 1950, 50% de la production mondiale de ces médicaments est destinée à l’alimentation du bétail (http://www.who.int/bulletin/volumes/93/4/15-030415.pdf) et 70% aux Etats-Unis (http://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/fact-sheets/2016/12/antibiotics-and-animal-agriculture-a-primer). Sans cela, le bétail ne pourrait pas survivre aux rudes conditions de l’agriculture industrielle. “Face au choix à faire entre la R&D d’antibiotiques que les gens prendront pendant deux semaines et les antidépresseurs que les gens prendront chaque jour pour toute la vie, les laboratoires pharmaceutiques opteront sans hésiter pour la seconde option. Bien que quelques molécules aient été légèrement renforcées, l’industrie pharmaceutique n’a pas trouvé d’antibiotique complètement nouveau depuis les années 1970.”James Surowiecki, The New Yorker.

La solution ne se trouve ni dans les laboratoires pharmaceutiques court-termistes ni dans les gouvernements qui sont facilement soumis à leurs influences.

Par exemple, soigner le diabète en une injection est désormais possible grâce à la technologie CRISPR. Cela a crée la panique chez les laboratoires qui vendent eux de remèdes à vie. Cette injection n’est pas rentable pour eux. C’est pourquoi il faut créer les médicaments dans des structures publiques qui servent l’intérêt des malades et non ceux de businessmen qui mettent des avocats sur le dos des scientifiques pour que ces derniers abandonnent les progrès non rémunérateurs. La technologie a été développée il y a plus de dix ans et elle n’est toujours pas utilisée.

The battle to own the CRISPR–Cas9 gene-editing tool – WIPO: https://www.wipo.int/wipo_magazine/en/2017/02/article_0005.html

L’ère de l’information permet à la science de s’ouvrir (Open Science). Les individus et les petits groupes peuvent désormais partager et discuter de leurs recherches. Le CERN a largement contribué au développement de l’Open Science. CRISPR, qui est développé par des entreprises, des universités et des citoyens, est la méthode de guérison la plus prometteuse depuis des décennies.

La législation doit évoluer pour supprimer le fardeau financier des essais cliniques, qui empêchent les plus petites structures de libérer de nouveaux médicaments.

La collaboration scientifique n’est pas nouvelle, elle existait déjà à l’époque de Louis Pasteur. Le début de la collaboration internationale au CNRS est expliqué ici: http://www2.cnrs.fr/fr/169.htm

How can we solve the antibiotic resistance crisis? – Gerry Wright: https://youtu.be/ZvhFeGEDFC8

Bacteria Killers – The Story of Phage Therapy: https://www.arte.tv/en/videos/078693-000-A/bacteria-killers

Concernant la pandémie de grippe de 1918: https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_de_1918

La Constance du Jardinier de John Le Carré, roman très documenté, traite des essais pharmaceutiques en Afrique: https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Constance_du_jardinier

Les géants de l’industrie pharmaceutique ont réduit leurs recherches sur la médecine psychiatrique de 70% en 10 ans: https://www.theguardian.com/society/2016/jan/27/prozac-next-psychiatric-wonder-drug-research-medicine-mental-illness

Pfizer met fin à la recherche de nouveaux médicaments contre la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson: https://www.reuters.com/article/us-pfizer-alzheimers/pfizer-ends-research-for-new-alzheimers-parkinsons-drugs-idUSKBN1EW0TN

Les effets sur la santé humaine de l’utilisation sub-thérapeutique des antimicrobiens dans les aliments pour animaux: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK216502/

Modèle actuel de financement du développement du médicament: du concept à l’approbation: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK50972/

Open Science est l’avenir du développement de médicaments: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5369032/

Le piège des brevets? Les défenseurs de l’Open Science veulent que la technologie CRISPR soit gratuite: http://www.cbc.ca/news/health/crispr-gene-editing-technology-patent-1.3888259

Changer les modèles de R&D dans les sociétés pharmaceutiques: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4847363/

Une nouvelle loi bipartisane soutient un financement accru et des approbations plus rapides: https://news.harvard.edu/gazette/story/2017/02/the-changes-in-drug-research-testing/

Netflix – Dirty Money (documentaire – 2018) – Saison 1 Episode 3 “Drug Short”


Open Science can save the planet | Kamila MARKRAM | TEDxBrussels

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How to biohack your cells to fight cancer – Greg Foot https://youtu.be/Mt5C5fhuU_0 via @YouTube 

Aurianne Or by Aurianne Or is licensed under CC BY-NC 4.0